Dernier jour à Agra

Le 21 juin, pour notre dernier jour à Agra, nous avons visité le fort rouge, beaucoup plus riche que celui de Delhi. Construit en grès rouge au XVI siècle par l’empereur moghol Akbar, il est aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Le mur d’enceinte mesure 2,5 kilomètres de long pour une vingtaine de mètres de hauteur. Il servit de résidence à trois souverains différents et à leurs suites.

La salle d’audience privée, l’un des nombreux palais du Fort Rouge
Taj Mahal vu d’une tour dans laquelle Shah Jahan (Empereur qui le fit bâtir) fût enfermé jusqu’à sa mort

Les bâtiments intérieurs dont certains en marbre blanc incrustés de pierres semi-précieuses, sont plutôt bien conservés et les jardins bien entretenus.

Bâtiment en marbre blanc décoré de pierres semi-précieuses

Ayant visité tout ce que nous voulions voir à Agra, nous avons essayé de retrouver une forme d’occidentalisation, qui nous fait de plus en plus défaut.
Nous sommes donc allés dans l’après-midi au plus grand mall d’Agra qui était décevant, de par sa taille modeste et l’absence d’entretien.

Taj et bébé Taj

De fin juin à septembre, c’est la mousson dans le nord de l’Inde. Nous nous sommes réveillés ce matin au son de la pluie, mais le soleil a finalement fait son apparition au moment de partir – nous avons pour l’instant eu beaucoup de chance vis à vis du temps.

En un coup de tuk-tuk (notre moyen de déplacement favori), nous voilà au pied du Taj Mahal, une merveille d’architecture placée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour la petite histoire, il fut édifié entre 1631 et 1648 par l’empereur moghol musulman Shâh Jahân pour perpétrer le souvenir de son épouse favorite, Mumtaz Mahal, décédée en  accouchant de leur 14ème enfant. Son mari fût enterré à ses côtés après sa mort.

Le majestueux Taj Mahal, qui fait actuellement l’objet de rénovations bienvenues

Le mausolée est construit en marbre blanc dans lequel sont incrustées 28 types de pierres fines ( jaspe, turquoise, lapis-lazuli, corail, onyx, grenats, agate ou encore cristal de roche). L’appareil photo est interdit à l’intérieur, mais c’est un moindre mal car c’est plutôt sobre.
La pièce centrale abrite les deux sarcophages et les pièces autour sont vides et peu ou pas entretenues; certains carreaux sont cassés et la poussière est omniprésente. Pour un bâtiment avec une telle richesse historique et structurale, c’est vraiment dommage.

Le mausolée fait parti d’un ensemble de bâtiments, de jardins, de plans d’eau et de fontaines. Sur chacun de ses côtés, symétrie oblige, on trouve une mosquée (dont une n’est pas utilisée car elle n’est pas orientée vers la Mecque).

La Mosquée à l’ouest du mausolée principal. Il s’agit de celle qui est utilisée.
La porte principale du domaine du Taj Mahal, qui mène au mausolée principal et à ses jardins.

Dans l’après midi nous avons visité le Baby Taj, mausolée d’Itimad-ud-Daulah (vizir de l’empereur et grand père de Mumtaz Mahal). Situé non loin de son grand frère, ce petit Taj est construit au sein d’un jardin joliment (et étonnamment) entretenu. Construit en marbre polychrome, il est également incrusté de pierres semi-précieuses. Nous avons trouvé que le Baby Taj était plus finement décoré que le Taj Mahal; il y avait beaucoup plus de pierres sur les murs extérieurs. Leurs structures intérieures restent malgré tout très similaires : un tombeau dans la pièce centrale entourée d’autres pièces vides.

Après cette visite, nous  sommes allés au Sadar Bazar, dont les échoppes étaient quasiment toutes fermées.

Agra , qui concentre vingt fois moins d’habitants que Delhi, est nettement plus calme. Elle semble malheureusement tout aussi polluée; les détritus jonchent le sol et constituent par endroits des décharges à ciel ouvert dans lesquelles les enfants jouent et grandissent. Les vaches, pourtant sacrées dans la religion hindoue, broutent souvent au milieu des innombrables déchets plastiques.

Les vaches sont sacrées dans la religion hindoue et sont en liberté totale dans la ville, même sur la route, au milieu des voitures.

On imagine aisément que l’environnement est le dernier des soucis d’une population qui ne parvient pas à se nourrir à sa faim; malgré tout, la catastrophe écologique à venir fait craindre le pire.

De Delhi à Agra

Et nous poursuivons notre voyage en Inde…

Hier matin, nous avons visité plusieurs monuments de Delhi dans lesquels tout objets électroniques (appareils photos et smartphones notamment) sont interdits. Nous  nous sommes d’abord rendus à Swaminarayan Akshardham, un magnifique temple hindou bâti en 2005 pour honorer le fondateur du courant moderne de la religion.
Au cœur du complexe se trouve Akshardham Mandir (temple), dont l’intérieur en marbre blanc abrite des statues majestueuses en or et des murs couverts de pierres précieuses. C’est de loin le plus beau monument de Delhi à notre avis – nous n’avons malheureusement pas de photos, mais des souvenirs pleins la tête.

Nous avons ensuite pris la direction du temple du Lotus, un édifice œcuménique qui tient son nom de sa forme en fleur de lotus. L’intérieur était cependant beaucoup plus sobre que ce à quoi nous nous attendions.

Le Laxmi Narayan Birla Mandir est le dernier temple que nous avons visité sans appareil photo. Datant de la fin du XXème siècle, il est dédié à Vishnu et à sa femme, la déesse Lakshmi symbolisant la réussite sociale et la fortune. Ce très joli temple rouge et blanc fut inauguré par Gandhi en 1938 et construit dans le but d’accueillir toutes les castes et toutes les religions.


Dans l’après midi nous avons visité le tombeau de Safdarjung, un mausolée au style architectural moghol. Cet immense bâtiment est entouré de jardins dans lesquels nous avons fait une pause, entourés d’écureuils et de paons mais surtout loin du brouhaha de la ville et de ses klaxons.

Safdar Jung a donné son nom au quartier de Safdarjung à Delhi.

Nous avons continué la visite par le tombeau de Humâyûn, le deuxième empereur moghol qui régna de 1508 à 1556. Ce mausolée abrite la dépouille de l’empereur ainsi que celles des 150 membres de la famille royale. Selon certains historiens, il s’agirait même d’un prototype du Taj Mahal.

Le mausolée central abritant la tombe de Humâyûn, majestueux, est très visité.
La tombe d’Isa Khan, dans le même périmètre.

Pour la fin de la journée, nous avons rejoint le quartier de Janpath et son grand marché d’étalages de bijoux, de vêtements et de fruits. Le brouhaha ambiant est toujours aussi surprenant – comme si crier plus fort que les autres avait un impact direct sur les ventes…

A Janpath, on trouve de tout : bijoux, tissus, chaussures, fruits et légumes, lunettes…

Au détour d’une rue, nous sommes tombés sur une troupe de danseurs tout droit sortis des films de Bollywood. Nous avons passé un très agréable moment… jusqu’à ce qu’ils nous demandent avec insistance de venir danser sur scène avec eux. Ne souhaitant pas donner une image négative de la France, nous avons préféré nous diriger vers la sortie.


Ce matin, départ pour Agra, deuxième étape de notre voyage dans le Triangle d’Or, qui abrite notamment le très célèbre Taj Mahal. Pour les 200 kilomètres qui la séparent de Delhi, nous avons opté pour le train en classe AC Two Tier (deuxième classe avec air conditionné). C’est toute une expérience ! Comme les trains traversent littéralement le pays, les voitures sont exclusivement équipées de couchettes sur lesquelles les voyageurs s’assoient le jour.

Bon voyage madame.

Agra semble pour le moment plus agréable que Delhi car plus aérée et moins polluée. Cela dit, nous n’avons pas pu échapper à la misère extrême, et le grand bidonville que nous avons traversé attriste autant qu’il fait réfléchir.

Un autre monde

En arrivant en Inde, on croirait changer de planète. La façon de conduire, la nourriture, le rapport à l’environnement n’ont rien à voir avec nos habitudes.

Le drapeau Indien flottant au milieu de Connaught Place

A part les rares feux rouges, le code de la route est très peu respecté. Taxis et tuk-tuk (rickshaws) côtoient bœufs et bicyclettes; scooters et 4×4 slaloment, doublant tantôt par la gauche, tantôt par la droite. Le nombre de voies sur les routes n’est jamais respecté (on peut trouver 5 à 6 voitures de front sur un axe 3 voies). Le klaxon se substitue aux rétroviseurs puisqu’il est littéralement utilisé en permanence, pour indiquer sa présence, demander la priorité ou signaler son arrivée aux piétons qui tentent une traversée périlleuse de la route.

Le tuk-tuk, moyen de transport économique et à sensations fortes de Delhi

La nourriture indienne mérite sa réputation en ce qui concerne les épices. Nous avons pu l’expérimenter hier soir, dès notre arrivée avec le Thali Deluxe (assortiment de plusieurs plats), directement sur un trottoir près de Connaught Place. Délicieux et convivial !

Ce matin, direction le Fort Rouge, forteresse moghole datant du 17ème siècle. C’est le plus grand monument du vieux Delhi (38 hectares), mais il gagnerait à être mieux entretenu, tant le sol jonché de détritus gâche la visite. C’est d’ailleurs une remarque qui s’applique à la plupart des quartiers de la ville que nous avons visités : Delhi est très pauvre et très polluée.

Cette porte du Fort Rouge abrite un musée de l’armée.

Après le Fort, nous avons rejoint l’India Gate, un monument aux morts construit en hommage aux victimes des guerres du début du 20ème siècle. Cet arc de triomphe fait face à la résidence présidentielle et au parlement Indien.

L’India Gate de Delhi est très visitée par touristes, locaux et vendeurs à la sauvette.

Dans l’après-midi, nous avons fait un aller-retour au temple d’Akshar Dham, à l’est de la ville, que nous ne visiterons que demain car tous les appareils électroniques y sont interdits.

En résumé, Delhi est une capitale très étendue et nous n’aurons le temps de visiter que les monuments les plus importants. Mais le dépaysement est ailleurs : le mode vie des Dilliwalahs, leurs codes vestimentaires, leurs traditions culinaires et leurs modes de déplacement sont très différents de ce que nous connaissons. Malheureusement, nous n’échappons pas à la misère extrême dans certaines parties de la ville, et à la pollution omniprésente de cette métropole de 20 millions d’habitants.